La Ligue de Football Professionnel (LFP) vient de remporter une nouvelle bataille juridique dans sa croisade contre le streaming sportif. Le 2 août 2024, le Président du Tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage par les fournisseurs d’accès à internet français de sites de streaming en direct et de services IPTV diffusant sans autorisation les championnats de Ligue 1 McDonald’s et de Ligue 2 BKT. Une décision qui soulève des questions sur l’accès à l’information et la liberté sur internet.
Une décision sans précédent : blocage préventif avant la saison
Cette ordonnance marque un tournant dans la stratégie de la LFP. Pour la première fois, l’instance a obtenu une injonction de blocage en amont du début de la saison, se basant sur des constats d’atteintes lors de la saison précédente. Cette approche préventive vise à protéger les droits de la LFP dès la première journée des championnats 2024/2025.
La LFP ne compte pas s’arrêter là. L’article L. 333-10 du code du sport lui permet de saisir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour mettre en œuvre des mesures de blocage tout au long de la saison contre tout nouveau site ou service de streaming illégal type IPTV diffusant illégalement les matchs.
Les internautes déterminés trouvent généralement des moyens de contourner ces restrictions, que ce soit par l’utilisation de VPN, en modifiant leur DNS par ceux de Google ou Cloudflare, de réseaux décentralisés, ou simplement en se tournant vers de nouveaux sites de streaming qui apparaissent aussi vite que d’autres sont bloqués.
Cette quatrième injonction de blocage obtenue par la LFP depuis janvier 2022 témoigne d’une intensification de la lutte contre le piratage sportif. Cependant, l’histoire d’internet nous a maintes fois prouvé que les internautes trouvent toujours des moyens de contourner les blocages.
Cette réalité pose la question de l’efficacité à long terme de la stratégie de la LFP. Ne serait-il pas plus judicieux de s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation plutôt que de s’engager dans une course sans fin contre le streaming illégal ? Comme toujours, proposer des offres légales plus accessibles et flexibles pourrait être une meilleure solution pour attirer les spectateurs vers des plateformes autorisées.
L’avenir incertain de l’IPTV sportif face à la répression
La vraie question est de savoir si cette approche répressive est vraiment la solution. Ne serait-il pas plus judicieux pour la LFP de réfléchir à des offres plus accessibles et adaptées aux nouvelles habitudes de consommation des spectateurs ?
La LFP peut se féliciter de cette victoire judiciaire mais elle gagnerait à ne pas sous-estimer la détermination des fans de foot à accéder aux matchs. Le risque est grand de voir cette victoire se transformer en défaite à long terme, aliénant une partie de son public et stimulant l’innovation dans le domaine du streaming illégal. Comme on dit, à vouloir trop embrasser, on finit parfois par mal étreindre.